BRONZINO

BRONZINO
BRONZINO

BRONZINO ANGELO DI COSIMO DI MARIANO dit (1503-1572)

Le style de Bronzino diffère assez vite de Pontormo, dont il fréquente l’atelier dès 1518-1519. Ce dernier s’étant réfugié à la chartreuse de Galuzzo pendant la peste, Angelo l’accompagne pour l’aider et s’initie (gauchement) à l’art de la fresque. Ce n’est pourtant qu’après avoir participé de près à l’ensemble célèbre de la chapelle Capponi, à Santa Felicità (Florence, 1526-1528) — on lui attribue aujourd’hui au moins l’un des quatre médaillons — que Bronzino, avec Pygmalion et Galatée (1529-1530), maîtrisera le style de son aîné sans le paraphraser platement. Dès lors, il entreprend une carrière indépendante. À la cour du duc d’Urbino, il peint ses premiers portraits, dans lesquels il marque ses distances avec la manière de Pontormo. À Pesaro, où il prend connaissance des derniers développements de la peinture de Rome, il peint la décoration de la villa Impériale et orne un clavecin d’une histoire d’Apollon et Mars (Leningrad). Rentré à Florence à la demande de Pontormo, il entreprend une série de portraits de la toute nouvelle aristocratie, aux poses artificielles. Plus «réalistes» que ceux de son maître, ces portraits sont célèbres pour la froideur de leur traitement, la linéarité de leur silhouette, leur couleur sombre plus discrète que celle des maniéristes antérieurs. Les plus fameux sont ceux d’Ugolino Martelli, de Bartolomeo Panciatichi et de sa femme, où la figure au premier plan s’enlève avec raideur sur un fond non moins aride, sans la moindre recherche d’atmosphère. Déjà Bronzino possède la palette métallique qui caractérise le rendu brillant de ses tissus et les distingue si nettement des voiles de Pontormo, évaporés dans la couleur. Ne se limitant pas au tableau et à la fresque, Bronzino publie des vers, participe à l’Entrée et aux décors pour les noces de Cosimo de Médicis et d’Éléonore de Tolède (1539). Pour Éléonore encore, il décore une chapelle tout entière (au Palazzo Vecchio): après avoir hésité entre le réalisme et l’invraisemblable (au plafond, ses personnages sont en demi-raccourci), il s’inspire de Michel-Ange et de son Serpent d’airain . Mais dans la fresque du Passage de la mer Rouge , l’épure anatomique qu’il met en scène relègue à l’arrière-plan les éléments du drame — des personnages posant au premier plan —, comme étrangers à la scène. C’est alors qu’il peint ses deux œuvres les plus définitivement maniéristes: La Déposition (1542-1545, aujourd’hui à Besançon) et l’Allégorie du triomphe de Vénus (à la National Gallery de Londres). Ce cryptogramme, qui hante les historiens d’art (dont Panofsky), est une fable sur le Temps, la Vérité et la Luxure (le baiser que donne Vénus au très hermaphrodite Cupidon, dardant sa langue dans le pli de ses lèvres, est l’un des plus méticuleusement dépeints de tout l’érotisme pictural). Inversant le mythe de Pygmalion, Bronzino baigne d’une lumière bleue ses figures marmoréennes qu’il gèle dans une attitude trop complexe pour être passionnée.

La dernière œuvre proprement «maniériste» de Bronzino est le portrait d’Éléonore (1545, musée des Offices, Florence), où la précision avec laquelle il a rendu tous les détails des arabesques de la robe produit un effet quasi hallucinatoire (le trop de réel revenant toujours à son contraire), et semble une armure masquant un corps inaccessible. Outre certains portraits qui reprennent le schéma de ceux de sa jeunesse, mais avec plus de majesté sculpturale, comme s’il avait été influencé par l’art antique dont il s’était entiché lors d’un séjour à Rome, Bronzino effectue, à la fin des années 1540, un grand nombre de cartons de tapisseries qui sont déjà comme une académisation du maniérisme. Après sa Descente du Christ aux Limbes (1552), où l’écart est sans limite entre la morbidité du thème et l’exubérante accumulation par lequel il est traité, Bronzino accentuera cette profusion anatomique et académique dans ses commandes publiques, dont la composition tient désormais de l’exercice de gymnastique. À l’exception d’un remarquable portrait de la poétesse Laura Battiferri (1560), le moins abstrait, le plus psychologique de ceux qu’il a peints, sorte d’emblème de la frigidité (il écrira de cette femme qu’elle est «dedans tout en fer et dehors de glace»), Bronzino ne réalise plus d’œuvre marquante. Un changement de style s’opère après qu’il a été nommé à l’Académie du dessin que fonde Vasari en 1563, et l’on pourrait dire qu’à la fin de sa vie la Contre-Réforme aura fait fondre le bronze glacé de ses figures.

Bronzino
(Agnolo Tori, dit il) (1503 - 1572) peintre maniériste italien.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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